Arctique : une augmentation de 5 à 9°C d’ici 2080 serait « inévitable » d’après l’ONU
La région Arctique va voir sa température moyenne en hiver augmenter de 5 à 9°C d’ici 2080 par rapport à celles enregistrées entre 1986 et 2005. C’est en tout cas ce qu’affirme une étude alarmante de l’ONU publiée le 13 mars.
+ 3 à 5°C d’ici 2050, + 5 à 9°C d’ici 2080 : l’Arctique ferait face à une hausse spectaculaire et inéluctable des températures. Et ce quand bien même l’humanité parviendrait à respecter les engagements pris dans le cadre de l’accord de Paris signé à l’issue de la COP21 en 2015, qui prévoit de limiter le réchauffement climatique global à 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. Ces chiffres glaçants sont tirés d’un rapport présenté le 13 mars dernier, à Nairobi, par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE).
« On estime que la banquise arctique a fondu de 40 % depuis 1979. À supposer que les émissions actuelles de CO2 se maintiennent, les étés en Arctique pourraient être dépourvus de glace dès les années 2030 », peut-on lire dans ce rapport. La fonte de la calotte glaciaire du Groenland et des glaciers arctiques pourrait ainsi représenter, à terme, un bon tiers de l’élévation attendue du niveau des océans à l’échelle mondiale.
À en croire ce rapport, le mal serait déjà fait, et le réchauffement de l’Arctique, inéluctable : « À supposer que l’on mette un terme aux émissions globales de gaz à effet de serre du jour au lendemain, les températures hivernales en Arctique augmenteraient quand même de 4 à 5°C d’ici 2100 par rapport à la fin du XXesiècle », expliquent les auteurs de l’étude.
Ce phénomène est un parfait exemple de ce qu’on appelle l’emballement climatique : « L’ »amplification arctique » est à l’origine d’une hausse des températures plus rapide au niveau des pôles, en comparaison avec la moyenne planétaire, à cause de la combinaison de différentes boucles de rétroaction », précise le rapport. « Par exemple, lorsque la banquise fond en été, cela crée de grandes quantités d’eau sombre qui absorbent davantage la chaleur du soleil [que la glace, qui réfléchit les rayons lumineux, ndlr], ce qui accélère en retour la fonte des glaces ».
L’emballement climatique décrit par l’ONU pour la région Arctique prend également en compte le dégel du pergélisol, qui contiendrait environ 1 672 milliards de tonnes de carbone. Une fois libéré par le réchauffement climatique, ce gaz contenu dans les immenses terres gelées dans le nord de la Russie, du Canada et de l’Europe, pourrait en partie rejoindre l’atmosphère sous forme de méthane, un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le CO2. Encore une fois, limiter le réchauffement climatique à 2°C n’y changerait rien, objecte le rapport de l’ONU : « Même si l’on respecte l’accord de Paris, le pergélisol arctique devrait rétrécir de 45 % par rapport à aujourd’hui ».
« Ce qui se passe en Arctique ne reste pas en Arctique »
« Ce qui se passe en Arctique ne reste pas en Arctique », a prévenu Joyce Msuya, la directrice du PNUE, à l’occasion de la présentation de ce rapport. La hausse des températures qui guette l’Arctique pourrait en effet avoir des conséquences planétaires : « Cela va affecter la circulation océanique, le niveau des mers, ainsi que les tendances climatiques et météorologiques au niveau mondial, avec des conséquences importantes pour les écosystèmes et les populations mondiales », écrivent les chercheurs.
Les quatre millions d’âmes qui peuplent l’Arctique devraient être les premières victimes de cette spectaculaire hausse des températures. 70 % des infrastructures de la région pourraient être menacées par la fonte du permafrost d’ici 2050. De quoi remettre en question les activités économiques dans la région (des diamants au pétrole en passant par la pêche), mais aussi la sécurité alimentaire celle des habitats. La faune locale n’en ressortira pas non plus indemne : « L’acidification des océans [due à l’absorption du CO2atmosphérique] impacte les espèces marines arctiques de manière disproportionnée », alerte l’étude, qui cite notamment les coraux, les mollusques et le plancton. « Les eaux froides absorbent davantage le CO2, contrairement à l’eau issue de la fonte des glaces ».
Le caractère inéluctable de la menace qui plane sur le pôle nord ne risque-t-il pas de nourrir le fatalisme ? « L’urgence des objectifs fixés par les accords de Paris se manifeste dans l’Arctique parce que c’est l’une des régions les plus vulnérables du monde, qui connaît les changements les plus rapides, constateKimmo Tiilikainen, le Ministre de l’Environnement finlandais, qui appelle notamment à une réduction des émissions de gaz à effet de serre « à court terme».
Source :
https://usbeketrica.com/article/arctique-augmentation-5-9-degres-2080-inevitable